Qui a peur de livres sur la famille et les enfants?

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Costanza Miriano   – IL FOGLIO   

À la France, on pardonne tout, si ce n’est au nom de Houellebecq, de Givenchy (même si son cerveau, Tisci est italien), de la petite Thérèse à Jeanne (d’Arc) et de tant d’autres. On leur pardonne même leur coup de boule sur la poitrine (surtout si l’on gagne après) . De plus, il faut dire que cela ne m’offense pas, mais m’affecte : actuellement, 22000 Français ont signé, en peu de jours, une pétition pour demander le retrait du marché de deux de mes livres, Marie-toi et sois soumise (Sposati e sii sottomessa) et Epouse-la et meurs pour elle (Sposala e muori per lei), à peine sortis en France chez le Centurion (ce sont des conseils à des amis sur le mariage, sur la différence entre nous et cet être d’une autre espèce qui se trouve dans notre lit, et sur l’épreuve de tenir ensemble).

Une dame, comme le raconte le Figaro, a décidé de demander au secrétaire d’état chargé du droit des femmes, Pascale Boistard, d’en interdire la vente. Je considère cela comme une énorme carte de vœux de Noël, je n’en ai jamais reçue une avec tant de signature -atteignant le 25000- alors qu’ils étaient au maximum une vingtaine sur le cadeau d’anniversaire des camarades de classe. Que tant de personnes s’intéressent à moi me semble vraiment disproportionné, excitant et qui ne se limite pas à acheter mes livres (comme le font environ 6 milliards de personnes dans le monde dans la plus grande tranquillité) mais qui se donnent la peine de signer une pétition pour empêcher les autres de le faire. Mais avant de parler de ma très personnelle et impertinente question, deux mots sur la censure Je ne sais pas comment sont les lois dans le pays qui a fait de la liberté son programme existentiel, dans le pays dans lequel des gens sont morts pour n’avoir pas arrêter de publier des articles agressifs contre la divinité en laquelle croit une grande partie de la population mondiale, le pays dans lequel tous sont Charlie.

12193272_629831507155945_7762110138168038814_nJe sais qu’il existe le fait hallucinant du crime contre l’opinion, quand je sais que des gens ont été arrêtés, je le répète : arrêtés, pour avoir endossé un pull représentant un homme et une femme avec des enfants dans les environs d’une manifestation de la gay pride. Le passage du motif d’une famille à l’infraction envers une personne ayant des tendances homosexuelles m’échappe, mais si je le regrette beaucoup, je le comprends. Je sais que des gens ont été arrêtés, c’est-à-dire privés de leur liberté personnelle, parce qu’ils distribuaient des chaussures de nouveau-nés devant les cliniques d’avortement : cela bouleversait la liberté de choix des mères qui allaient tuer leurs enfants ( évidemment le choix n’était pas tellement libre si il était possible de le bouleverser avec une petite chaussure en laine). Je sais que la diffusion d’un spot publicitaire sur les personnes atteintes du syndrome de Down a été perturbée, un spot sur lequel , un spot sur lequel j’ai consommé des dizaines de mouchoirs parce qu’il fait voir des enfants qui disent « maman n’aies pas peur, moi aussi je pourrai être heureux, travailler, faire des voyages, avoir des amis ». La diffusion de ce spot a été réduite par la loi parce qu’il pouvait bouleverser les mères qui avaient avortées de leurs enfants, même si la vidéo ne parlait de l’avortement qu’à la marge, car elle ne voulait en aucune façon être une accusation contre qui n’avait pas donné naissance à un enfant avec le syndrome de Down. Je sais, enfin, qu’il existe des crimes d’homophobie, ce qui est presque une formule contradictoire, car cela prévoirait une « psychopolice » qui contrôlerait si tu as peur de quelque chose et qui te sanctionnerait intérieurement. En réalité, l’homophobie est un mot inventé pour dire une chose qui n ‘existe pas, et la loi a été faite en France d’abord par la loi Taubira, et la loi sur le mariage pour tous, justement pour empêcher que l’on puisse dire publiquement que les enfants ont besoin d’un père et d’une mère, que les enfants ne peuvent être achetés, et que le gigantesque chiffre d’affaire de l’utérus en location, estimé aujourd’hui dans le monde, officieusement, à 5 milliards de dollars est un crime contre l’humanité. Les féministes françaises le dénoncent , suivies, à la bonne heure, par nos « Se non ora quando? » (il y a de cela quelques petites années non ? Miriam Mafai l’écrivait en 1997). Je ne sais pas comment dire liberté à la noix en français, mais il me paraît évident donc, que la France s’est mise dans une situation pire que la notre en ce qui concerne la liberté d’opinion.

En réalité, il y a une sorte d’hystérie collective, une fureur sacrée, mais seulement vers tout ce qui fait référence au sens des limites, tout ce qui dénonce, par le seul existence, que « la sortie de l’homme de sa minorité dont il est responsable » (de toute évidence, la définition kantienne a été choisie par Wikipedia comme incipit de l’article sur les Lumières, et c’est pour cela que si mes enfants font leurs recherches en copiant sur ça, comme presque tous les écoliers du monde, je les menace de leur couper les doigts de sorte qu’ils ne puissent plus utiliser une souris) est en réalité une gigantesque blague, parce que l’homme a des limites, et il en a beaucoup. À commencer par le fait que, contrairement aux expériences tentées en laboratoire, il faut toujours un homme et une femme pour engendrer une personne. Pour continuer ensuite avec le fait que l’on naît sans l’avoir demandé, et que l’on meurt presque toujours sans l’avoir demandé, passant sur les nombreuses limites génétiques, économiques et culturelles. Le constat que l’homme n’est pas Dieu dérange énormément, et pas seulement les français pour dire vrai, et avec ces limites, nous devons tous nous débrouiller. En Espagne en tout cas, ils ont fait mieux : le ministre de la santé et de l’égalité des chances Ana Mato m’a dénoncée au Procureur général, demandant lui aussi le retrait du livre car il inciterait à la violence sur les femmes. À chaque fois que je suis un peu triste, je pense au juge qui à la recherche de méfaits, a dû sortir les histoires de vomis et de couches de mes enfants, les affaires matrimoniales de mes amies, et je retrouve aussitôt la bonne humeur. De toute évidence, la dénonciation a été archivée et celui qui a lu le livre sait pourquoi (il n’y a pas l’ombre d’une invitation à supporter d’éventuelles violences, et chaque fois qu’une femme quelle qu’elle soit s’est confiée à moi ce propos, j’ai toujours dit, pour autant que j’en sache, que la première chose à faire est de quitter le domicile conjugale pour chercher à rétablir une relation saine). Cependant, j’ai toujours accordé pour la défense des espagnols qu’au départ, seul le premier livre était sorti, celui sur la soumission féminine et non le second qui invite les hommes à mourir pour leurs épouses.

En France au contraire, ils sont sortis ensemble et il me semble que le destin des hommes (selon st Paul) n’est pas plus optimiste que celui des femmes, mais l’idée de mourir est moins urticant pour l’homme moderne que l’idée d’obéir à quelque chose. Alors quel est le vrai problème ? Qu’est-ce qu’ils me reprochent ? Selon la pétition, l’affirmation selon laquelle les femmes sont « appelées de façon particulière à ga12208478_629831510489278_7624209037579590040_nrder la vie » est nauséabonde et dégradante. Ces paroles horribles et agressives, je ne me souviens plus si je les ai prises chez Edith Stein ou dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem. En tout cas, elles venaient des pages qui sont parmi les plus belles et gratifiantes qui aient été écrites pour nous les femmes. Selon les signataires, c’est une menace à la liberté de disposer de son corps , aux libertés sexuelles, « à notre identité plurielle » ( ? Bon sang, j’espère ne pas être plurielle, j’ai déjà du mal à supporter une seule moi-même), un retour au patriarcat et une régression intolérable. Les livres, comme on l’a dit au départ, il suffit de ne pas les acheter, ou de ne pas les lires si une vieille tante qui ne connaît pas nos goûts nous les a achetés. Mais moi je crois qu’il y a plus. La question de l’identité féminine ici en Occident (ailleurs, l’histoire est différente), est centrale car malgré toute la rhétorique du victimisme féminin (que même la française E. Badinter a démasqué), nous avons un pouvoir énorme sur les relations et sur les hommes et parce que c’est nous qui déterminons le niveau moral et spirituel d’une époque. Tout d’abord nous avons cet incroyable privilège de porter la vie et de lui donner le jour (que pourrait-il y avoir ici d’agressif?) et nous sommes en train d’y renoncer (les françaises ont un taux de natalité un peu meilleur que nous, ayant deux enfants en moyenne, c’est-à-dire la croissance zéro. Nous au contraire en sommes rendus au taux d’extinction, étant les dernières au classement mondial avec les japonaises). Il y aurait de longues pages à écrire sur les raisons qui nous font renoncer à ce privilège, sur combien nous ont laissées seules et malheureuses la libération sexuelle, sur l’illusion selon laquelle on pouvait tout avoir, qui est l’héritage que nous ont laissé nos mères, nos tantes, nos grand-mères quand elles nous incitaient à étudier pour prendre notre place dans le monde. Elles ont omis de nous dire que pour la plupart d’entre nous, les travaux domestiques nous plairaient énormément. Je lisais même il y a peu de temps l’interview de Giulia Bongiorno (enfermée dans la salle de bain : le seul lieu dans lequel je me sens moralement autorisée à lire Les femmes et leurs enfants à la maison, car le temps du brossage de dent ne peut pas m’être compté comme perdu), dans laquelle elle rapportait n’avoir eu qu’un fils et de l’avoir eu à 44 ans. Elle invitait les filles à faire des enfants avant la trentaine. C’est toujours ainsi, les femmes qui travaillent et qui vivent la maternité à la limite d’âge en tombe éperdument amoureuse. Elle dit « je considère cela comme un de mes échecs » et je voudrais l’embrasser sur le front pour son honnêteté intellectuelle (sur beaucoup d’autres conclusions, je ne m’accorde pas avec elle). Sur le thème général de la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, je me limite à dire qu’à force de défendre vigoureusement le droit à des quotas de femme et aux salles de réunions, ce sont toujours uniquement les professionnelles comme moi qui font le travail gratifiant et somme toute bien rétribué. Prends au hasard l’exemple de mes amies secrétaires, coiffeuses, ou employées. Celles qui ont vingt jours de vacances par an, et courent entre les pièces et les pédiatres avec un énorme sentiment de culpabilité, et attendent des années, oui, des années, la possibilité d’inviter une petite amie de leur fille à déjeuner, et n’osent pas avoir plus d’un ou deux enfants car elles vivent déjà ainsi un énorme mécontentement continuel. Elles voudraient volontiers s’occuper de leurs enfants, prendre le thé avec des amies, faire quelques courses, un voyage, voir je ne sais quelle exposition ou libre un livre à la lumière du jour et non à trois heures du matin. Seulement elles ne le peuvent pas parce qu’elles gagnent un salaire et qu’elles se sont attribués deux rôles (homme et femme) pour le prix d’un. Mais je crois que derrière l’aversion envers une certaine idée de la femme se cache quelque chose de plus profond encore. C’est l’idée même de l’être humain qui est en question. Nous catholiques, nous ne croyons pas au mythe illuminé du bon sauvage, mais nous pensons qu’en l’homme lui-même, il y a quelque chose qui ne va pas, une blessure, quelque chose à guérir, à réparer. La blessure spécifique de la femme réside dans sa grande fragilité : quelle pitié de voir les listes de résolutions sur les magasines de femme « à partir d’aujourd’hui je pense à moi », « j’apprends à dire non », « je m’achète un sac ».(Il faudrait rappeler que ces journaux là sont faits pour faire vendre des robes). Et la tentation féminine par excellence est d’utiliser notre énorme pouvoir sur les hommes de façon séductrice, pour le manipuler et le contrôler, et donc pour l’avoir à ses côtés, pour notre besoin d’être aimé qu’aucun quota féminin ne pourra jamais effacer. (J’ai connu tant de femmes bien affirmés aux yeux du monde, et jamais aucun d’entre elles ne m’a donné l’idée d’être privée de cette fragilité, du besoin du regard et de la reconnaissance de l’autre). Les femmes d’aujourd’hui, qui vivent la sexualité librement, qui refusent ou au moins se dressent devant la maternité sont malheureuses de façon tendancieuse et après un certain âge un peu détraquées, parce que ce que désire chaque femme est une relation gratifiante, stable et exclusive avec un homme et des enfants, qui puissent satisfaire son besoin de donner et la guérir de ses blessures. Nous sommes restées seules, avec peu d’enfants et souvent aucun homme car nous avons arrêté d’être accueillantes, nourries comme actuellement de films, de livres, de journaux qui incitent à une fausse indépendance (aucun d’entre nous n’est indépendant, et il est beau de s’avouer dépendant de l’amour des autres, ou pour les hommes, de la reconnaissance de leur savoir-faire). Si le fait que l’on dise cela, on ennuie tellement, c’est parce que c’est la vérité. Sinon il suffirait de ne pas les acheter ces livres.

 

traduzione Géraud VEILLET-LAVALLEE

QUI in italiano

 

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